
Illustration : aquarelle de Pierre Jacquemot
« J’aide tout le monde… mais qui est là pour moi ? »
« À force de vouloir soutenir les autres, je me suis perdue en chemin. »
Ce paradoxe — entre l’envie sincère d’aider et le sentiment de s’effacer — est bien plus répandu qu’on ne le croit. En effet, il peut révéler des postures très différentes : parfois généreuses et structurées, parfois déséquilibrées et douloureuses.
Dans cet article, je vous propose d’explorer deux figures apparemment proches, mais profondément différentes : le caregiver (ou « aidant ») et l’échoïste, un terme encore peu connu mais éclairant.
Le caregiver : une posture d’aide choisie
Le caregiver est une personne qui prend soin des autres — un proche aidant, un parent, un professionnel de l’accompagnement, ou tout simplement quelqu’un qui se sent naturellement concerné par les besoins d’autrui.
Lorsqu’elle est consciente et équilibrée, cette posture est précieuse. Cependant, elle demande à rester vigilante :
- Elle repose sur un choix, non sur une obligation intérieure.
- Elle s’appuie sur une identité stable et une capacité à poser des limites.
- Elle ne nie pas les besoins de la personne qui aide : elle s’occupe de l’autre sans s’abandonner soi-même.
Le caregiver équilibré choisit d’aider par conviction, par valeur ou par élan du cœur. Son don est un acte libre, qui naît d’un désir d’être présent pour l’autre, sans jamais s’abandonner lui-même. Il sait poser des limites, dire « oui » mais aussi « non », accueillir la reconnaissance sans malaise. Ce qui caractérise sa posture, c’est la capacité à rester en lien avec lui-même tout en étant tourné vers l’autre. Aider, pour lui, n’est pas une manière de compenser un vide intérieur, mais un prolongement naturel de son identité et de ses valeurs.
Mais cette posture peut parfois glisser vers le surinvestissement, la fatigue chronique ou le sentiment d’invisibilité… surtout si l’aidant oublie qu’il a, lui aussi, besoin d’attention et de reconnaissance.
L’échoïste : quand s’effacer devient un mécanisme
L’échoïsme est un concept issu du travail du psychologue Craig Malkin. Inspiré du mythe d’Écho — cette nymphe condamnée à répéter les paroles des autres sans jamais pouvoir exprimer les siennes — l’échoïste est une personne qui évite systématiquement de se mettre en avant.
Ce n’est pas un trouble, mais une tendance psychologique que l’on retrouve parfois chez des personnes très sensibles. En réalité, elles ont appris que s’effacer était plus sûr que d’exister pleinement.
L’échoïste :
- A du mal à dire « non », même lorsqu’il est à bout.
- Évite la reconnaissance ou la lumière, de peur d’être jugé ou rejeté.
- Ses émotions et ses besoins sont souvent réprimés, car il pense que ce n’est pas « légitime ».
- Se sent souvent vide, mais n’ose pas demander.
Contrairement au caregiver, l’échoïste ne choisit pas vraiment d’aider : il le fait souvent par peur de déranger, de décevoir ou de perdre sa place dans la relation. Derrière son don se cache une quête de reconnaissance, une volonté d’éviter le conflit ou le rejet. Aider devient alors moins un élan libre qu’une stratégie de survie, où l’autre compte toujours plus que soi.
Deux postures, deux dynamiques intérieures
Le caregiver équilibré donne par élan, par valeur, par conviction. Il sait dire oui, mais aussi dire non. Il prend soin des autres sans s’oublier lui-même. Il peut recevoir de la reconnaissance sans gêne, et il sait poser des limites sans se sentir coupable. Quand il aide, il reste en lien avec lui-même.
L’échoïste, lui, donne souvent par peur : peur de déranger, d’être rejeté·e, de ne pas être « assez ». Il évite les projecteurs, refuse souvent les compliments, et pense que prendre sa place serait une forme d’égoïsme. Il a du mal à dire non, à dire « je », et se sent souvent invisible… même en présence des autres.
Deux postures qui se ressemblent de l’extérieur — pourtant, elles ne reposent pas sur la même énergie intérieure.
Pourquoi cela concerne le coaching
En tant que coach, je ne pose aucun diagnostic. Ce n’est ni ma posture, ni mon rôle.
Par ailleurs, il m’arrive d’accompagner des personnes très engagées, généreuses, qui se sentent épuisées, floues ou en perte de sens. Et souvent, elles sont dans des postures où le don d’elles-mêmes devient un retrait d’elles-mêmes.
Le coaching offre alors un espace pour :
- Prendre conscience de ses mécanismes relationnels
- Revaloriser ses besoins propres sans culpabilité
- Reprendre sa place dans sa vie, en restant aligné avec ses valeurs
Et si vous pouviez exister sans vous excuser ?
Aider ne devrait jamais vouloir dire s’oublier.
✨ Vous avez autant de valeur en donnant… qu’en recevant.
✨ S’affirmer n’est pas de l’égoïsme, c’est un acte de justesse.
✨ Prendre soin de soi, c’est aussi honorer la relation à l’autre.
Redonner sa juste place à l’altruisme
Le coaching peut être un espace pour cela : pas pour vous transformer, mais pour clarifier et honorer votre juste place.
Si cet article résonne en vous, c’est peut-être le signe qu’il est temps de vous recentrer sur vos propres besoins, de questionner vos limites, et de vous autoriser à exister pleinement. En résumé, aider les autres ne doit jamais signifier s’effacer soi-même.
N’hésitez pas à me contacter pour en parler